L’ABC de la réconciliation
Notre chemin commun vers la guérison
Une lettre sur la résilience autochtone
Cet article a été rédigé par Edgar Villanueva, fondateur et PDG de Decolonizing Wealth Project, le 31 mai 2024 dans le cadre de la campagne Justice pour Grassy Narrows de Lush, en partenariat avec Free Grassy.
Dans la tapisserie de l’histoire humaine, peu de fils sont aussi sombres et tenaces que l’impact du colonialisme sur les communautés autochtones. Des régions les plus au nord du Canada jusqu’au sud des États-Unis, le colonialisme a laissé une marque indélébile sur les communautés des Premières Nations, des Inuits, des Métis et des autochtones des États-Unis, comme il l’a fait pour les communautés autochtones du monde entier. Les histoires de préjudices ne sont pas des reliques du passé, mais des legs vivants qui continuent d’affecter les peuples autochtones de multiples façons.
Pourtant, au milieu de ces récits de douleur et d’oppression, il y a des fils vibrants de résistance, de résilience et de résurgence. En tant que citoyen de la tribu Lumbee de la Caroline du Nord et grâce à mon travail avec le projet de décolonisation de la richesse, j’ai eu le privilège d’assister et de participer à des mouvements qui affrontent ces injustices historiques et ouvrent la voie à la guérison et à la réparation.
Comprendre les blessures
L’histoire du colonialisme en ce que beaucoup appellent l’Amérique du Nord est une histoire de déportation forcée, d’effacement culturel et de violence physique et spirituelle contre les peuples autochtones. Le gouvernement canadien a financé le système des pensionnats autochtones, et l’Église chrétienne s’est occupée de leur administration. Les pensionnats ont fonctionné des années 1880 jusqu’à la fermeture du dernier pensionnat situé en Saskatchewan en 1996. Les écoles et ce qu’on y enseignait ont été conçus pour forcer les enfants autochtones à s’assimiler aux croyances chrétiennes et aux modes de vie et européens et canadiens. Les enfants ont été kidnappés de leur foyer et punis pour avoir parlé leur langue; les dossiers suggèrent que 6000 enfants sont morts dans ces écoles. Ces horribles endroits sanctionnés par l’État ont fonctionné pendant plus d’un siècle, détruisant le lien entre les enfants autochtones et leur patrimoine. De même, aux États-Unis, des politiques comme la Indian Removal Act et la création de pensionnats visaient à assimiler et à effacer les cultures autochtones. Les survivant.e.s de ce système qui sont encore parmi nous aujourd’hui portent les cicatrices de ce traumatisme générationnel.
Les chemins de la guérison
La guérison de ces blessures profondes exige plus que la reconnaissance; elle exige l’action et le changement systémique. Au Canada, la Commission de vérité et réconciliation a lancé 94 appels à l’action, invitant tous les secteurs de la société canadienne — le gouvernement, les écoles, les entreprises et la population à participer au processus de guérison. Les 94 appels à l’action exigent que l’on reconnaisse toute l’histoire des pensionnats et que des mesures soient prises. Plus précisément, la création de systèmes pour empêcher que les préjudices ne se reproduisent, souvent appelée « garantie de non-répétition ».
La guérison doit également s’attaquer aux injustices environnementales qui touchent de façon disproportionnée les communautés autochtones, en reconnaissant que notre destinée est étroitement liée à la santé de notre planète. Honorer les traités et restaurer les terres et les droits des peuples autochtones sont l’une des nombreuses façons dont nous pouvons entamer notre travail de guérison. Les mouvements comme Land Back, qui sont actifs aux États-Unis et au Canada, ne visent pas seulement à restituer des terres volées, mais aussi à restaurer les modes de vie autochtones et leurs relations avec la terre, les uns avec les autres et toutes nos relations.
Toutes mes relations : un appel à la guérison collective
La vision du monde autochtone de « Toutes mes relations » nous rappelle que nous sommes tou.te.s lié.e.s, non seulement les un.e.s aux autres, mais aussi à la terre, à l’eau, à l’air et à tous les êtres vivants. Cette interconnexion signifie que le mal fait à l’un.e est le mal fait à tou.te.s et la guérison est la guérison de tou.te.s. Les blessures infligées par le colonialisme s’étendent au-delà des communautés autochtones, touchant l’âme de l’humanité elle-même — et c’est pourquoi tout le monde doit s’engager dans la guérison. L’acte de guérison est mutuellement transformateur. La guérison exige que nous affrontions des vérités inconfortables, que nous remettions en question les structures du pouvoir et des privilèges et que nous ouvrions notre cœur aux histoires et à la sagesse des personnes qui ont été les plus durement touchées par le racisme historique et systématique.
Dans mon livre Decolonizing Wealth, je propose sept étapes non linéaires vers la guérison dans lesquelles tout le monde peut s’engager : faire son deuil, s’excuser, écouter, s’identifier, représenter, investir et réparer. Ces étapes nous guident dans nos parcours de guérison uniques, qui sont un engagement actif à démanteler les systèmes qui perpétuent les torts et à favoriser un monde qui défend la dignité, la justice et l’équité pour tou.te.s.
Au quotidien, nous pouvons chercher et amplifier la voix des Autochtones, soutenir les entreprises, les artistes et la culture autochtones, et nous éduquer, nous et les autres, sur la véritable histoire des terres où nous vivons. Ce faisant, nous honorons non seulement la résilience et la beauté des communautés autochtones, mais nous prenons également des mesures pour guérir nos propres blessures issues de notre passé commun.
Alors que nous nous tournons vers l’avenir, engageons-nous sur une voie d’action qui honore l’esprit de résistance et de résurgence dans les communautés autochtones. Engageons-nous dans le dur travail de réparation, non pas comme une destination, mais comme un processus continu de guérison, d’apprentissage et de croissance ensemble. Ce faisant, nous reconnaissons que le cheminement vers la guérison ne consiste pas seulement à réparer les injustices du passé, mais aussi à bâtir un avenir où tou.te.s peuvent s’épanouir.
À la guérison,
Edgar Villanueva
Fondateur/PDG du Decolonizing Wealth Project
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Apprenez-en davantage sur le Fonds national de vérité et de guérison du Decolonizing Wealth Project, qui se consacre à s’attaquer à l’héritage douloureux des pensionnats autochtones des États-Unis en fournissant du financement pour les efforts visant à promouvoir la vérité, la réconciliation et la guérison, y compris le soutien aux efforts de plaidoyer pour la U.S. Truth and Healing Commission on Indian Boarding School Policies Act.
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